Deux souvenirs ressurgissent 

Alors que je suis toujours en voiture, me rendant à mon cabinet, deux souvenirs marquants remontent à la surface. Je me revois vers 23 ans, avec ma première femme, me rendant à un camp de jeunes dans la montagne.

Le pasteur de cette communauté évangélique m’a demandé d’accompagner ces jeunes et de leur apporter un enseignement chaque après-midi.

Durant la matinée, nous sommes des animateurs pour ces jeunes, et l’après-midi, pendant une bonne heure, je peux enseigner, chose que je souhaitais faire à cette époque.

Vers la fin de la semaine, je présente un film et, comme je le fais depuis déjà quelques mois, je prêche. Dans ce milieu que je fréquentais à l’époque, il était d’usage, à la fin, de faire un appel. Tout étonné, je m’aperçois que des jeunes approchent de moi pour que je prie pour eux, en particulier une jeune fille qui s’était montrée très réfractaire à ce que je disais durant toute la semaine.  

Je suis surpris de la voir et je prie pour elle. Dans ma prière, je dis des choses qui me viennent à l’esprit spontanément. Je ne sais pas d’où cela vient, mais j’ose le dire. À ce moment-là, je vois la jeune fille fondre en larmes. Je continue de prier pour elle, puis je passe à un autre jeune.

À la fin de cette soirée, ma femme me demande :

Mais comment as-tu pu savoir de telles choses ? Tu ne connaissais rien de cette jeune fille !

Je lui réponds que je ne sais pas.

Le lendemain, juste avant notre départ, le camp étant fini, la jeune fille vient vers moi, pleine d’émotions, en me disant que ce que je lui avais dit l’avait bouleversée. Elle ne comprenait pas comment je l’avais appris, elle n’en avait jamais parlé.

Tu vois, en te racontant cela, j’ai des émotions qui montent, j’ai des larmes qui viennent aux yeux.

Alors que ce trajet en voiture ne dure que 15 à 20 minutes, j’ai encore un autre souvenir qui remonte. Juste avant d’arriver à mon cabinet, alors que je me prépare à me garer, je me revois à l’âge de 20 ans, à un congrès. Comme je n’aime pas être dans la foule et le bruit, je sors un moment dans la rue. Il fait froid et je sens monter en moi une sorte de dialogue intérieur.

Quelque chose en moi me parle, et moi, je lui réponds tout naturellement. Au bout de quelques minutes, étant très étonné, je deviens rapidement méfiant. Je cherche une explication : est-ce que c’est Dieu qui me parle ? Est-ce que c’est autre chose ? Ça doit être mon imagination.

Ce jour-là, j’ai décidé que ce genre de fabulation ne pouvait être autre chose qu’une imagination un peu trop libre et que, si c’était autre chose, ce ne pouvait être qu’un esprit mauvais. Ma voie, à cette époque, était toute tracée ... par d’autres, alors j’ai fermé cette porte. J'ai fermé mon cœur à cette présence qui voulait communiquer avec moi.

Plus de quarante-cinq ans après, cette porte s’est à nouveau ouverte ce jour-là, mais cette fois, j’ai décidé de la franchir, et ma vie a été bouleversée.