Alors que les locutions continuent ponctuellement, un autre langage a commencé à se déployer en moi. Un langage fait d’images, de visions intérieures, d’intuitions vibrantes et parfois fulgurantes. Ce ne sont plus seulement des mots que j’entends : ce sont des impressions qui me traversent, des scènes qui s’imposent, des symboles qui prennent vie.
Au fil de mes accompagnements, ces perceptions se manifestent de plus en plus souvent. Elles surgissent en moi au contact de l’autre, sans que je les provoque, comme un canal qui s’ouvre. Parfois elles touchent profondément la personne en face. Parfois je ne sais même pas pourquoi elles viennent. Mais je sens qu’elles sont justes, et qu’elles viennent d’un espace en moi plus vaste.
Hier, j’ai revu pour la deuxième fois un monsieur très dépressif et angoissé. Quand je rentre dans sa chambre, il est couché, le duvet jusqu’au cou, tourné contre le mur.
Je m’agenouille un moment, échange quelques mots, ne sachant pas si je dois partir ou rester. Je ressens qu’il accepte ma présence. Il peine à parler. Je lui propose de rester là, en silence. Il ne refuse pas. Je m’assieds, je le regarde sans un mot pendant plus de 35 minutes. De temps en temps, il ouvre les yeux, me regarde, se plaint de ses douleurs. Je ne sais toujours pas si je dois rester. Mais si je pars, reviendrai-je ? Alors je reste. Chaque fois qu’il ouvre les yeux, il voit mon visage souriant. Je sens que cela le touche.
Je lui propose de lui prendre la main. Il me la donne sans hésiter. Durant plus d’une demi-heure, je la tiens doucement. Je sens ses pulsations, la chaleur de sa peau. Je me concentre sur ces sensations pour maximiser ma présence. Avec le pouce, je caresse sa main.
Je repense à la tendresse de la Mère, à ma connexion avec elle et avec les souffrants. Je le revis. Je ferme les yeux et prie pour lui. Mes yeux s’emplissent de larmes. Je demande que, par cette connexion concrète et spirituelle, le flux de vie et de tendresse circule entre nous, que la grâce de la Mère Divine l’envahisse.
Et là, une vision s’impose à moi : une main accrochée à des branches au bord d’une falaise. Pour moi, cela représente son état intérieur : il s’accroche pour ne pas sombrer dans l’abîme noir de l’angoisse, de la mort. Mais ses forces diminuent, il n’a plus envie de se battre. Je sens qu’il se laisse glisser. Et je perçois que je suis, moi, une de ces branches.
Plusieurs fois, il ouvre les yeux et me remercie d’être là. Je sens que ma présence l’apaise. Il tourne enfin la tête vers moi, et nous échangeons quelques mots. Je vais le visiter chaque semaine durant une année.
Voir aussi : Trois visions m'ouvrent de nouvelles perspectives & Ma vision de la Ténèbre primordiale
Cette femme vient en consultation dans le cadre de mon entreprise. Dès les premières minutes, je ressens fortement que sa demande de retrait du 2e pilier pour lancer un projet est une fuite. Derrière, je perçois une crise existentielle profonde.
À peine cinq minutes après le début de notre entretien, une image s’impose à moi : je vois une fleur fragile et colorée qui tente de percer un manteau de neige. Puis je vois un arbre en pleine floraison dans un beau jardin. Je sens que ces deux images sont liées, comme un avant et un après, avec une période de maturation entre les deux.
Je l’interromps. Je lui demande si je peux lui partager une image que j’ai reçue, qui la concerne. Elle accepte. Je lui explique que la fleur sous la neige, c’est elle aujourd’hui : dans une situation froide, paralysante, qui l’étouffe. Et que le projet, ce n’est pas encore le temps de l’arbre en fleurs. Il faut d’abord vivre la crise, l’accueillir, la traverser.
Elle accueille tout cela très positivement. Dès cet instant, une connexion forte s’établit entre nous. L’entretien bascule : je ne suis plus dans la posture de consultant, mais dans un accompagnement existentiel. Après une demi-heure, je lui demande comment elle se sent, si elle souhaite poursuivre ainsi ou revenir à la posture initiale. Elle me répond sans hésiter qu’elle veut continuer dans cette voie plus personnelle. Je vais la rencontrer chaque semaine durant plus de trois mois.
J’ai remarqué que lorsque je suis dans mon local en entretien, mon niveau de stress chute. Je suis détendu, présent, en état d’ouverture totale, comme si j’étais en channeling. Calme, attentif, réceptif à ce qui peut émerger en moi.
Cet après-midi-là, c’est très flagrant. Mes deux entretiens se passent à merveille. Les reflets intuitifs et les images émergent en abondance, et elles résonnent fort pour les personnes que j’accompagne.
À la fin du deuxième entretien, ce monsieur me remercie. Il me dit combien nos échanges l’aident. Il a toujours un carnet avec lui, et note régulièrement des mots, des phrases que je lui dis, puis les relit la semaine suivante. Ses retours m’étonnent : il me rappelle des mots que j’ai oubliés, des images qui l’ont touché profondément… alors que je ne m’en souvenais plus.
C’est lui qui m’apprend l’impact. Moi, je me contente de laisser émerger. Je reçois, je transmets. Le reste ne m’appartient plus.
Chez lui et chez sa compagne — que je vois également, et qui note elle aussi ce qui la touche — mon accompagnement ressemble de plus en plus à un channeling pour autrui.
Les images intérieures sont des langages silencieux : Quand une vision surgit sans raison apparente, elle peut contenir une vérité que l’autre reconnaît immédiatement. Même sans explication, elle touche.
La justesse d’une intuition se mesure à son impact : Ce n’est pas l’intellect qui décide de la valeur d’un message. C’est le cœur de celui qui le reçoit. L’émotion, la résonance, le silence qui suit… tout cela parle.
Être canal, c’est laisser passer, sans vouloir contrôler : Ce que tu reçois ne t’appartient pas. Ton rôle n’est pas de comprendre, mais de transmettre avec respect, délicatesse, et confiance.
En plus des locutions et des visions éveillées, une autre voie s’est ouverte : celle du rêve. La nuit, quand mon mental se tait, d’autres formes de guidance se présentent. Certaines sont symboliques, d’autres si claires qu’elles ressemblent à des dialogues. Dans ces rêves, je suis parfois le témoin, parfois l’acteur, parfois même le compagnon silencieux d’une présence féminine qui me parle, me guide, m’interpelle.
C’est comme si l’espace onirique devenait un sanctuaire où mon inconscient profond, quelqu’un venaient me rencontrer.
Et toi, as-tu déjà eu une image intérieure qui semblait ne pas venir de toi — mais qui tombait juste ?