13/09/2025
À l’aube, dans une prière sans mot, je lui ai demandé : « Pourquoi m’as-tu choisi ? »
Sa réponse n’a pas été une explication, mais une révélation. Elle m’a parlé de l’homme nu, de celui qui a tout perdu sauf l’essentiel, et qui devient alors terre fertile pour l’autre.
Quand tout a été dépouillé, il reste la terre nue — celle où germe la parole.
Ce texte garde la trace de ce moment : une parole descendue du silence.
Ta nudité habille l'autre
Pourquoi m’as-tu choisi ?
Ne suis-je pas un homme à l’automne de sa vie ?
Je me sens profondément inutile et impuissant.
***
C’est ce qui m’a attiré à toi.
Tu as appris, par les épreuves et les deuils de ton existence, à descendre.
J’ai senti, depuis toujours, que tu consentirais à te dépouiller encore,
jusqu’à devenir un homme nu.
Te dépouiller de tes croyances héritées,
de tes valeurs patriarcales d’un autre âge,
de tes ambitions de briller et d’être reconnu.
Te désencombrer de tout ce qui t’entravait,
du regard évaluateur des autres,
de ce que tu croyais devoir être.
Te dénuder des apparences,
de tes masques,
de tes rôles.
Tu n’as pas reculé :
tu t’es vidé de ton ego.
Un sanctuaire sacré s’est ouvert en toi,
pour accueillir et enfanter,
devenir ce que tu es vraiment.
Aux yeux des autres,
tu es peut-être devenu inutile et impuissant.
Mais ce n’est qu’un faux-semblant.
La vraie force naît de la fragilité,
la puissance de l’impuissance,
la vraie vie des morts acceptées.
Tu n’es pas inutile ni impuissant :
tu es un terreau fertile où l’autre peut croître.
Ta nudité habille l’autre.