10/05/2025
Cette analyse psychologique approfondie met en lumière la différence fondamentale entre les expériences spirituelles telles que le channeling ou la médiumnité, et les troubles dissociatifs cliniques. Là où les secondes relèvent d’une souffrance non intégrée, les premières peuvent correspondre à une ouverture consciente à des états élargis de conscience. Grâce aux apports de Jung, Maslow ou Grof, ces pratiques trouvent leur place dans une perspective transpersonnelle, où elles sont vues comme des expériences de guidance intérieure, de transformation symbolique et de contact avec des dimensions plus vastes du psychisme humain.
Channeling et médiumnité sont souvent perçus comme des phénomènes spirituels marginaux, inspirés par des entités invisibles ou des réalités non matérielles. Pourtant, ces expériences trouvent un écho profond dans la psychologie contemporaine, notamment dans le champ de la psychologie transpersonnelle. Cette page propose une lecture rigoureuse de ces pratiques à la lumière des états modifiés de conscience, en distinguant clairement les manifestations authentiques d’élargissement de la conscience des états pathologiques tels que les troubles dissociatifs.
Une approche psychologique des états élargis de conscience
Channeling et médiumnité reposent tous deux sur un état de conscience non ordinaire, que la psychologie qualifie d’état modifié de conscience (EMC). Ces états sont marqués par :
- une attention focalisée sur le monde intérieur,
- une réduction de la conscience critique rationnelle,
- une intensification des perceptions subtiles (images mentales, voix intérieures, ressentis corporels),
- et une impression d’ouverture vers une source autre ou supérieure.
Dans ces états, le sujet ne se sent plus uniquement lui-même : il perçoit en lui la présence d’un message, d’un autre, d’une entité, d’une force, ou d’un contenu qui le dépasse.
La psychologie transpersonnelle interprète ces phénomènes comme des voies d’accès à des couches plus profondes ou plus vastes de la psyché, pouvant inclure :
- l’inconscient personnel,
- l’inconscient collectif (Jung),
- ou encore une conscience supérieure (Maslow, Grof).
La perspective jungienne : archétypes et figures autonomes
Carl Gustav Jung a été l’un des premiers à théoriser la possibilité de voix ou figures autonomes issues de l’inconscient. Il parle de figures archétypiques (le Sage, l’Enfant, la Grande Mère, l’Ombre…) qui peuvent émerger dans des états intérieurs particuliers, souvent au travers de rêves, d’écritures ou de dialogues intérieurs.
Dans son propre cheminement, Jung a expérimenté des formes de canalisation intérieure, notamment à travers la figure de Philemon, guide intérieur qui lui dicta des enseignements symboliques. Il ne considérait pas ces figures comme des hallucinations pathologiques, mais comme des personnalités autonomes de l’âme, potentiellement porteuses de transformation.
Cette lecture permet de considérer channeling et médiumnité non pas comme une aliénation, mais comme l’émergence d’un contenu profond au sein de la psyché humaine.
La distinction avec les troubles dissociatifs
Il est crucial de différencier les états induits volontairement dans le cadre d’une pratique spirituelle (comme le channeling ou la médiumnité) des manifestations cliniques involontaires observées dans les troubles dissociatifs, notamment :
- le trouble dissociatif de l’identité (TDI), anciennement appelé trouble des personnalités multiples,
- les états de dépersonnalisation ou de déréalisation,
- les amnésies dissociatives.
Ces troubles sont généralement liés à des traumatismes précoces, à des stratégies de survie inconscientes, et à une fragmentation non intégrée du moi.
La grande différence réside dans :
- le degré de contrôle (le channel ou le médium peut sortir volontairement de l’état, le sujet dissocié ne le peut pas),
- la souffrance (l’état dissociatif est douloureux, le channeling est souvent vécu comme apaisant),
- et le cadre d’expérience (le médium agit dans un contexte symbolique ou rituel, le sujet dissociatif vit une perte de sens).
Là où le trouble dissociatif entraîne isolement, confusion et perte d’identité, le channeling et la médiumnité (quand ils sont sains) s’inscrivent dans un chemin d’expansion, d’unification ou de guidance.
Le rôle de la clairsentience et de l’absorption
Des études récentes montrent que les personnes qui pratiquent le channeling ou la médiumnité présentent souvent un profil psychologique marqué par :
- une grande réceptivité émotionnelle,
- une capacité d’absorption (faculté à se laisser immerger dans une expérience intérieure),
- et une hypersensibilité intuitive, parfois proche des états mystiques ou artistiques.
Cette disposition n’est pas pathologique en soi. Elle devient une ressource transpersonnelle dès lors qu’elle est intégrée avec discernement, ancrage et conscience.
Les recherches neurobiologiques montrent d’ailleurs que les activités cérébrales observées durant les transes médiumniques ou les channelings (ondes thêta, synchronisation frontale, réduction de l’activité critique) sont similaires à celles de la méditation profonde ou de la créativité intense.
Une lecture transpersonnelle des expériences spirituelles
La psychologie transpersonnelle propose une grille de lecture alternative : plutôt que de réduire toute expérience spirituelle à une pathologie, elle invite à reconnaître la profondeur humaine et les capacités non ordinaires de la conscience.
Ainsi, channeling et médiumnité peuvent être perçus comme :
- des modes d’accès symbolique à des vérités intérieures,
- des espaces de transformation de l’identité,
- des rituels spontanés d’intégration du sens,
- ou encore comme des manifestations de l’intelligence intuitive collective.
Le critère n’est pas l’étrangeté du phénomène, mais sa fonction : est-il structurant ou désorganisant ? évolutif ou désintégrant ? ouvre-t-il à plus de présence, ou à plus de confusion ?