10/05/2025
Channeling et médiumnité, bien que distincts dans leur forme et leur objet, reposent sur un socle commun fondamental : une même posture d’ouverture intérieure, un recours à des états élargis de conscience, une fonction de médiation entre deux plans de réalité, une expérience du sacré, une dynamique de transformation, et une vision unifiée du vivant. Ces éléments témoignent d’un archétype universel profondément inscrit dans la psyché humaine : celui de l’être canal, du passeur, du messager, au service de la lumière, du sens et de la reliance. Reconnaître ce fond commun permet d’unifier sans confondre, de distinguer sans opposer, et d’honorer ces pratiques comme des voies d’accès authentiques à la conscience élargie et à la sagesse intérieure.
Les pratiques de channeling et de médiumnité ont été présentées jusque-là selon leurs spécificités : l’une orientée vers la réception de messages d’entités spirituelles non humaines, l’autre centrée sur la communication avec les esprits des défunts. Ces distinctions sont précieuses pour structurer la pensée et éviter les amalgames. Pourtant, ces deux approches ne sont que deux modalités d’un même archétype spirituel, celui de l’humain comme canal vivant entre deux plans de réalité. Une fois les formes extérieures différenciées, il devient essentiel de reconnaître leur fond commun : une structure intérieure, une dynamique énergétique et un processus de transformation analogues. Ce fond commun témoigne d’une expérience humaine universelle de médiation entre visible et invisible, entre matière et esprit, entre incarnation et transcendance.
Une posture commune : l'ouverture intérieure
La première convergence essentielle réside dans la posture intérieure du praticien. Que l’on parle de channeling ou de médiumnité, le processus commence toujours par un retrait du moi ordinaire, une suspension de l’agitation mentale, une disponibilité profonde à recevoir ce qui vient d’un ailleurs.
Le channel comme le médium s’ouvrent à une forme de parole qui ne provient pas de leur mental rationnel, mais d’une source ressentie comme autonome, qu’elle soit perçue comme un guide spirituel, un esprit, une conscience supérieure ou une force subtile.
Ce mouvement d'ouverture n’est ni une passivité naïve ni une forme de dissociation pathologique. Il s’agit d’un acte conscient, d’un alignement intérieur souvent préparé par la méditation, la prière, la concentration ou une mise en condition énergétique.
Cette ouverture repose sur une intention claire : être au service d’un message ou d’une énergie qui dépasse l’ego personnel. Ce que l’on cherche à capter est perçu comme porteur de sens, de guidance, voire de transformation, autant pour soi que pour autrui.
Un état modifié de conscience comme seuil d’accès
Cette posture d’ouverture ne suffit pas à elle seule. Elle s’accompagne toujours, dans les deux pratiques, d’un état modifié de conscience, plus ou moins profond, plus ou moins ritualisé, mais fondamentalement différent de l’état de veille ordinaire. Dans la médiumnité, cet état peut aller de la simple concentration intuitive à la transe profonde. Dans le channeling, il peut s’agir d’un état méditatif léger ou d’un état d’inspiration fluide et vibratoire.
La psychologie transpersonnelle reconnaît ces états comme états élargis de conscience. Ils permettent à l’individu d’accéder à des niveaux de perception où les frontières du moi se relâchent, où des contenus symboliques ou archétypiques émergent, et où l’on entre en relation avec des réalités perçues comme extérieures à la psyché individuelle. Dans ces états, la pensée verbale se tait ou se transforme, et d’autres formes d’intelligence – intuitive, imaginale, énergétique – prennent le relais. Ces états ne sont pas marginaux : ils font partie intégrante de l’expérience humaine depuis toujours, sous des formes rituelles, mystiques ou chamaniques.
Une fonction humaine de médiation
Au cœur de ce fond commun se trouve la fonction de médiation. Le médium comme le channel assument la position d’un être relié à deux plans. L’un perçoit les défunts, l’autre des guides ou entités spirituelles, mais tous deux traduisent une information provenant d’un plan subtil, et la transmettent dans le monde ordinaire. L’être humain devient ici intercesseur, traducteur, vecteur de passage entre deux réalités – et c’est cela qui constitue l’essence même de la médiumnité au sens large.
Cette fonction n’est pas nouvelle : elle est présente dans toutes les cultures et civilisations. Le chaman, la pythie, le prophète, la sybille, le moine extatique, la mystique inspirée – toutes ces figures ont en commun de servir de canal entre l’invisible et le monde humain. Ce rôle traverse les âges et les traditions : il s’inscrit dans la mémoire profonde de l’humanité.
Le channeling et la médiumnité contemporaine ne sont que deux expressions modernes d’une fonction anthropologique fondamentale : celle de la transmission du message du dedans ou de l’au-delà.
Une expérience vécue comme sacrée
Cette médiation ne se résume jamais à une simple transmission de contenu informatif. Elle est, pour celui qui la vit – praticien ou récepteur – une expérience du sacré. Ce que l’on reçoit ne vient pas seulement d’une autre personne ou d’une autre conscience, mais d’un plan ressenti comme plus vaste, plus profond, plus intelligent, voire plus aimant. Il y a dans cette rencontre quelque chose de l’ordre de la présence numineuse, au sens jungien du terme : un sentiment de mystère, de grandeur, de transcendance.
Dans la médiumnité, la présence d’un défunt peut éveiller un sentiment de continuité de l’âme, de réconciliation, de paix. Dans le channeling, la réception d’un message d’un guide peut susciter une ouverture de conscience, une accélération du processus d’individuation ou une intuition fondatrice.
Dans les deux cas, on ne sort pas indemne de l’expérience. Elle laisse une trace, parfois discrète, parfois radicale, mais toujours signifiante.
Une dynamique de transformation intérieure
La finalité implicite de ces deux pratiques, lorsqu’elles ne sont pas détournées à des fins spectaculaires ou mercantiles, est toujours la transformation intérieure. Il ne s’agit pas de prédire un avenir ou de délivrer une vérité dogmatique. Il s’agit de mettre en mouvement, d’ouvrir des espaces de sens, de réunifier des fragments du soi, de pacifier des mémoires, d’éveiller une conscience nouvelle.
Cette dimension thérapeutique ou initiatique se manifeste dans les processus que ces pratiques déclenchent. Le message reçu peut réactiver une blessure enfouie, mais aussi offrir une voie de transmutation. Il peut déstabiliser un ancien mode de pensée, mais aussi révéler une nouvelle orientation existentielle.
Channeling et médiumnité, quand ils sont vécus dans un cadre sûr, avec discernement et humilité, peuvent devenir des catalyseurs puissants de l’évolution humaine, individuelle et collective.
Une même reliance au vivant subtil
Enfin, le fond commun repose sur une même vision du monde : celle d’un univers habité par des consciences multiples, visibles et invisibles, incarnées ou désincarnées, toutes reliées à une source commune, à un vivant universel qui traverse la matière et l’esprit. Le médium comme le channel reconnaissent cette présence diffuse, vibrante, intelligente, qu’on peut nommer l’invisible, le champ, le monde spirituel, la conscience cosmique, la source, ou tout simplement le mystère.
Ils sont les témoins d’un monde plus vaste, les porteurs d’une vision unificatrice qui refuse la séparation entre l’humain et le sacré, entre la vie et la mort, entre l’ici et l’au-delà.