Les Mystères d'Inanna
Un voyage initiatique vers la métamorphose

La vacuité matricielle : l’espace où renaît la conscience

03/05/2025

La vacuité matricielle : l’espace où renaît la conscience

La vacuité matricielle est le deuxième grand marqueur de l’expérience transpersonnelle.
Elle succède à la chute de l’ego, comme une mer silencieuse succède à la tempête.
Ce vide n’est ni vide de sens ni absence. Il est un espace matriciel, une origine impalpable, où se prépare une nouvelle conscience.


Reconnu par la psychologie transpersonnelle (Grof, Almaas, Wilber) et toutes les grandes traditions contemplatives, il marque le seuil d’une reconfiguration radicale.
C’est le creuset du Soi : là où, dans le silence, quelque chose d’inconnu peut enfin naître.

Après la chute de l’ego, un silence habité

Lorsque les structures de l’identité se dissolvent, un nouveau seuil s’ouvre : celui de la vacuité. Ce vide, loin d’être un néant stérile, se révèle souvent comme une matrice silencieuse, un espace d’où tout peut émerger à nouveau.


Dans la perspective transpersonnelle, cette vacuité matricielle est le creuset où s’élabore une conscience nouvelle, dégagée de ses anciens conditionnements.


Cet article explore sa nature, sa place dans les modèles de conscience et les récits vécus, ainsi que sa fonction fondatrice dans le processus de transformation intérieure.

 

Le vide après l’effondrement : une matrice d’émergence

Lorsque l’ego s’est défait, ce n’est pas immédiatement la lumière qui surgit. Ce qui vient souvent d’abord, c’est un silence sans contours, une absence d’identité, une suspension des repères.


C’est ce que de nombreux auteurs désignent comme la vacuité matricielle : un vide originel, mais porteur, à la fois absence et promesse.


Stanislav Grof parle d’un vide supra-cosmique, berceau ultime de toute existence, contenant tout en potentiel. Ce vide est à la fois la fin du moi et le commencement d’une autre conscience.


« Il n’a pas de contenu concret, et pourtant il contient tout en forme germinale et potentielle. »
(Grof, Transpersonal Realm)

 

Les traditions spirituelles : le vide plein

Cette vacuité créatrice est connue dans la plupart des traditions :
- Śūnyatā dans le bouddhisme : vide sans forme, mais éveillé.
- Tao non-manifesté : source de tout, sans image ni volonté.
- Aïn Soph en kabbale : profondeur infinie avant la création.
- Causal chez Ken Wilber : conscience pure sans objet.


Ces termes décrivent un état sans forme, mais pas sans présence, un silence irradiant, un espace au-delà des opposés.
Wilber le nomme Esprit vide et le situe au sommet du spectre de la conscience. Il le décrit comme un état de clarté absolue, au-delà de toute vision ou sentiment.


« Une nuit d’automne au clair de lune, une numinosité silencieuse. »
(Wilber, Stages of Meditation)

 

Une expérience vécue : tomber dans le vide

Ce vide a été traversé, non pas comme une absence, mais comme une présence sans nom.
Après le lâcher de l’ego, un basculement s’est opéré dans un espace où il n’y avait ni pensée, ni forme, ni désir.


Tout était suspendu. Et pourtant, dans ce non-être, un sentiment d’origine, de retour au point zéro, de paix sans motif a émergé.
C’est ce qu’A.H. Almaas appelle l’Essence du vide. Pour lui, ce vide est le prélude à la révélation de l’Être véritable.


« Le vide est l’absence de la personnalité… l’esprit est alors vide, complètement vidé du moi. »
(Almaas, The Void)

 

La vacuité comme utérus cosmique

La métaphore la plus juste pour ce vide est peut-être celle d’une matrice.
Un lieu sans forme mais plein de potentialités. Une matrice noire, féconde, primitive. Ce n’est pas la lumière qui y domine, mais l’attente, le silence, la densité.
Et dans ce silence, quelque chose s’organise sans volonté.


Dans la respiration holotropique, Grof observe souvent un moment de suspension après la mort de l’ego, où le sujet flotte dans un espace noir, doux, sans tension.
Ce moment, loin d’être vide de sens, est l’intervalle entre deux mondes.

 

Vacuité et essence : un retournement intérieur

Pour Almaas, ce vide marque la fin du moi imaginaire et l’ouverture à l’Essence. Il devient alors un espace d’accueil, de liberté, de dépouillement.
La conscience cesse de chercher à se définir, elle se laisse simplement être.


Dans ce vécu, la vacuité n’est plus redoutée. Elle devient une terre d’accueil intérieure, une disponibilité pure. Le silence n’est plus un manque, mais un accomplissement.

 

Un seuil vers la recréation

Dans les récits mystiques, ce moment de vide est souvent suivi par une phase de renaissance.
Mais cela ne se fait pas dans l’urgence. Le vide dure. Il enseigne. Il purifie. Il reformate silencieusement.


Les traditions parlent d’une “table rase”, d’un “désert fécond”, ou du “clair-obscur avant l’aube”.


« Mourir au connu pour renaître au neuf. »
(Krishnamurti)


Le dépouillement ne serait pas complet sans cette étape : ce n’est pas seulement perdre le moi, c’est cesser de le remplacer tout de suite.